Au Japon, l’animation fait partie intégrante de la culture populaire. Certains long-métrages battent des records et devancent même les plus gros blockbusters US. Parmi ces films, nombreux sont issus du studio Ghibli, fondé par deux orfèvres au talent immense : Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Actif depuis 1985, le studio a produit quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre du genre avec des titres comme Le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké ou Le Tombeau des Lucioles. L’animation japonaise, longtemps décriée en France, bénéficie aujourd’hui d’une vraie reconnaissance. Les long-métrages réalisés par le Studio Ghibli ont notablement contribué à son succès populaire et critique.
Nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir quelques uns des chefs d’oeuvre du studio Ghibli…
→ Découvrez également les chefs-d’œuvre de Hayao Miyazaki
Sommaire
- 1 Souvenirs de Marnie
- 2 Le Conte de la Princesse Kaguya
- 3 La colline aux coquelicots
- 4 Arrietty, le petit monde des chapardeurs
- 5 Les contes de Terremer
- 6 Le Voyage de Chihiro
- 7 Princesse Mononoké
- 8 Si tu Tends l’oreille
- 9 Pompoko
- 10 Kiki la Petite sorcière
- 11 Le Tombeau des Lucioles
- 12 Mon Voisin Totoro
- 13 L’histoire du Studio Ghibli
Souvenirs de Marnie
L’histoire suit Anna, une jeune fille orpheline et solitaire. Lorsque son asthme s’aggrave, sa mère adoptive l’envoie dans un petit village, près de la mer. Pour Anna, c’est le début d’un été d’aventures qui commence avec la rencontre d’une mystérieuse fille nommée Marnie.
Notre avis: Marnie est l’adaptation libre d’un roman pour jeunes adultes. Signée par l’auteur d’Arrietty, cette œuvre émouvante dresse une vision subtile de l’adolescence et du passage à l’âge adulte. L’ambiance mystérieuse, inhabituelle pour une production Ghibli, explique sans doute son échec commercial malgré ses immenses qualités. Il s’agit du tout dernier long-métrage du studio. Une raison de plus de le savourer.
Le Conte de la Princesse Kaguya
Kaguya, « la princesse lumineuse », est découverte dans la tige d’un bambou par des paysans. Elle devient très vite une magnifique jeune femme que les plus grands princes convoitent : ceux-ci vont devoir relever d’impossibles défis dans l’espoir d’obtenir sa main.
Notre avis: Kaguya est l’adaptation libre d’un conte classique japonais. Takahata nous offre une œuvre testament magistrale qui bouleverse les codes. Loin du réalisme du tombeau des Lucioles, la mise en scène virevoltante dirige un univers d’esquisses en totale symbiose avec le sujet, l’aspect éphémère de nos existences et notre statut d’être mortel. Avec ce titre, le studio compte un chef d’œuvre de plus.
La colline aux coquelicots
Umi est une jeune lycéenne qui vit dans une vieille bâtisse perchée au sommet d’une colline surplombant le … Pourtant, leur relation va prendre un tour inattendu avec la découverte d’un secret qui entoure leur naissance et semble les lier…
Notre avis: La Colline aux coquelicots est le 18ᵉ long-métrage du studio Ghibli. Cette œuvre romantique teintée de nostalgie plonge le spectateur dans le passé récent du Japon avec un sens du détail étonnant. Elle permet à son auteur, Gorô Miyazaki, de s’affirmer comme un réalisateur sensible et talentueux.
Arrietty, le petit monde des chapardeurs
Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison, la minuscule Arrietty vit en secret avec sa famille. Ce sont des Chapardeurs. Arrietty connaît les règles : on n’emprunte que ce dont on a besoin et interdiction absolue d’être vus par les humains. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon, Sho, arrive à la maison, elle sent que tout sera différent
Les contes de Terremer
Arren, jeune prince du royaume d’Enlad, va s’allier aux forces du grand magicien Epervier pour rétablir l’équilibre du monde rompu par un sorcier maléfique. Dans le combat qui s’annonce, Arren et Epervier croisent la route de Therru, une mystérieuse jeune fille. Ensemble, ils dépassent leurs peurs et uniront leurs destins pour mener le plus fascinant des voyages…
Le Voyage de Chihiro
Une jeune fille tout à fait ordinaire prénommée Chihiro et ses parents sont en route vers leur nouveau domicile; quand à la sortie d’un tunnel la famille découvre avec étonnement ce qui semble être un village abandonné. Avant de reprendre la route, les parents décident de se remplir la panse tandis que Chihiro s’aventure dans cet univers fantasmagorique.
Notre avis: Le voyage de Chihiro est sans doute le film le plus ambitieux de Hayao Miyazaki et celui qui a connu le plus grand succès avec l’Oscar du meilleur film d’animation à la clé. L’histoire qui mêle des éléments d’une richesse incroyable se présente comme une quête initiatique, dans laquelle Chihiro doit avancer seule dans l’inconnu pour s’en sortir. Ce film d’animation émerveille tant les enfants que les adultes par ses prouesses visuelles qui puisent dans la richesse du folklore japonais.
Princesse Mononoké
Blessé par un sanglier rendu fou par les démons, le jeune guerrier Ashitaka doit quitter les siens et partir à la recherche du dieu-cerf qui, seul, pourra défaire le sortilège. Au cours de son voyage, Ashitaka rencontre Lady Eboshi, qui doit se défendre contre ceux qui lui reprochent de détruire la forêt pour alimenter ses forges. Parmi ses pires ennemis se trouve San, une jeune fille sauvage élevée par des loups.
Si tu Tends l’oreille
Shizuku Tsukichima, une collégienne de 14 ans, est une une jeune fille rêveuse et passionnée par les romans et les contes. Elle emprunte souvent des livres à sa bibliothèque. Mais un jour, sur les fiches d’emprunt des romans, elle remarque qu’un mystérieux Amasawa Seiji lit exactement les mêmes ouvrages avant elle. Surprise, Shizuku veut en savoir plus sur cet inconnu.
Pompoko
La vie insouciante des tanuki, charmantes petites créatures tenant à la fois du blaireau et du raton-laveur, bascule le jour où les hommes décident de raser la montagne où ils habitent pour construire une cité dortoir. Les tanuki vont essayer d’éviter le drame et résister aux humains grâce à leurs pouvoirs extraordinaires.
Notre avis: A la différence de l’œuvre divertissante de Miyazaki, les films de Takahata se risquent à aborder des thèmes profonds, comme ici la protection de l’environnement. Plutôt que d’aborder ce sujet sur un ton pessimiste, Pompoko opte pour l’humour avec ces étranges créatures drôles et déterminées. Un film très réussi.
Kiki la Petite sorcière
« Je me suis décidée, je vais partir ce soir ». C’est sur ces mots que débute le film qui narre l’histoire d’une petite sorcière de 13 ans qui s’apprête à vivre l’aventure de sa vie. C’est l’heure pour elle de trouver sa voie dans le vaste monde. Comme le veut la tradition, Kiki doit partir vivre 1 an dans une nouvelle ville, loin de sa famille et de ses amis, et exercer ses talents de sorcière pour gagner son indépendance.
Notre avis: Adapté d’un roman à succès, Kiki la petite sorcière est un film intelligent et positif sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte. La jeune fille quitte son foyer et ses amis pour tenter de se faire une place dans ce monde qui peut être à la fois enthousiasmant et effrayant. Avec cette œuvre attachante, Miyazaki explore une nouvelle fois des thèmes universels qui lui sont chers comme le besoin d’indépendance et l’affirmation de soi. A travers Kiki, il présente les difficultés que les filles de son âge rencontrent dans notre société moderne.
Le Tombeau des Lucioles
Japon, ete 1945. Les bombardiers americains arrosent Kobe de plusieurs milliers de tonnes de bombes incendiaires. Un jeune adolescent et sa petite s ur perdent leurs parents. Ils se refugient dans leur famille proche mais cruelle. Leur que te desesperee d un monde meilleur les amenera a traverser les ruines du Japon, ensanglante par la fin de cette guerre, ainsi qu a affronter l indifference et la cruaute des adultes.
Mon Voisin Totoro
Mei et Satsuki s’installent avec leur père dans une vieille maison de campagne pour se rapprocher de l’hôpital où se trouve leur mère malade. La maison est habitée par de petites créatures mais l’arrivée soudaine des deux sœurs les poussent à trouver un autre refuge. Plus tard, Mei découvre deux esprits qui la conduisent au creux d’un immense camphrier. Là, elle rencontre Totoro, une créature encore plus surprenante qui incarne l’esprit de la forêt…
Notre avis: Mon Voisin Totoro s’inspire d’un livre pour enfant que Miyazaki a lui-même imaginé 10 ans avant son adaptation sur écran. L’histoire se déroule dans un Japon rural d’après-guerre dépeint avec tendresse et nostalgie. L’arrivée des deux fillettes puis l’apparition de créatures fantastiques nous entraînent pas à pas dans un univers fabuleux fait de poésie et de rêve. Bien qu’il s’agisse d’un des premiers films du studio japonais, il reste l’un des plus réussis grâce à des personnages attachants, une composition musicale inspirée et un sens du rythme parfait. Culte!
L’histoire du Studio Ghibli
Retour sur la création du studio
Le long-métrage Nausicaa de la Vallée du Vent (1984) a permis de bien des façons de concrétiser la création du Studio Ghibli. Toutes les personnes clés sont déjà présentes sur ce premier film : Miyazaki comme réalisateur, Takahata comme producteur et Suzuki, l’homme à l’initiative du projet. Le succès du film convainc Yasuyoshi Tokuma, président de Tokuma Shoten Publishing Company, de financer la création du studio. Ce personnage clé, également propriétaire de Daiei Film, prend le poste de président et s’occupe de la distribution des films.
Avec Le Château dans le Ciel, Miyazaki à l’honneur de diriger le tout premier long-métrage estampillé Ghibli. Pour la production de ce premier film, le studio loue une étage dans un immeuble de Kichijoji dans la banlieue de Tokyo. La nouvelle structure n’emploie aucun salarié à plein temps. Les 70 personnes qui composent l’équipe sont engagées à temps partiel jusqu’à la fin de la production. Une fois le film terminé, l’équipe est dissoute. Takahata, producteur sur Nausicaa et sur Le Château dans le Ciel, déploie toutes ses qualités de manager et contribue au succès du studio.
L’origine du nom du Studio Ghibli :
Le nom du Studio Ghibli vient d’un avion de transport produit par la société italienne Caproni pour l’armée italienne pendant la seconde guerre mondiale. Lui-même tire son nom d’un vent chaud qui traverse une partie de l’Italie qui vient du sud, le Sirocco qui en Lybien se dit Ghibli. Passionné d’avions, Miyazaki a ainsi baptisé le studio en pleine connaissance.
Ghibli est un studio d’animation vraiment à part
Pourquoi Ghibli est-il un studio à part ? Pour la qualité de ses films évidemment, mais pas seulement. Alors que les studios de production d’anime s’appuient d’abord sur un succès de série TV avant d’envisager produire un film, l’ADN du Studio Ghibli est la production de longs-métrages d’animation. Cette particularité exprime en réalité l’aspiration à un profond désir de liberté des artistes Miyazaki et Takahata, depuis trop longtemps bridés dans leur créativité. Pendant 20 ans, ils n’ont pratiquement travaillé que sur des séries TV avec un budget serré. Pour eux, le Studio Ghibli est le meilleur moyen de préserver leur indépendance artistique et de faire des films de qualité. Le principe de fonctionnement du Studio est posé en ces termes : le succès d’un film permet d’en faire un autre, sinon la boutique ferme.
Miyazaki + Takahata, le pari gagnant
Avec les bénéfices du Château dans le Ciel, le studio prépare non pas un mais deux longs-métrages : Mon Voisin Totoro de Hayao Miyazaki et Le Tombeau des Lucioles de Isao Takahata. Le pari est risqué mais pas impossible. L’équipe se partage alors entre les deux projets en prenant bien soin de ne pas sacrifier la qualité. Leur sortie simultanée en 1988 ne s’accompagne pas du succès commercial escompté. La popularité de Totoro survient seulement deux ans plus tard avec sa diffusion TV et la vente de goodies. Les films reçoivent toutefois un accueil critique dithyrambique et sont récompensés par de nombreux prix.
Ce sont finalement les recettes de Kiki la petite sorcière qui permettent au studio de prendre son envol. Les employés reçoivent un vrai contrat de travail et les salaires sont doublés, sans parler de l’accès à la formation. Les coûts de production augmentent donc considérablement et un seul échec suffirait à mettre un point final à l’aventure. C’est à ce moment que Toshio Suzuki intègre le staff à plein temps avec la casquette de producteur. Le rythme de production s’accélère et alors que le long-métrage Souvenirs goutte à goutte n’est pas encore achevé, la production de Porco Rosso commence déjà. Il est également décidé que désormais les sorties de films seraient soutenues par des campagnes publicitaires.
Les années 1990 où le triomphe du Studio Ghibli
Les locaux sont devenus trop exigus pour les 90 employés. Pendant qu’il prépare Porco Rosso, Miyazaki dessine les plans du nouveau studio. Cette initiative est soutenue par le président Yasuyoshi Tokuma. Immédiatement après la sortie de Porco Rosso, toute l’équipe emménage dans les nouveaux locaux situés à Koganei, une ville de la banlieue de Tokyo.
En 1993, Ghibli a produit sa première animation TV Tu peux entendre la mer, dirigé par Tomomitsu Mochizuki, alors âgé de 34 ans. C’est le premier réalisateur à diriger une œuvre du studio qui ne soit ni Takahata ni Miyazaki. Ce TV Special de 70 minutes, produit en quelques mois seulement, est très profitable. Les années 1990 sont exceptionnelles pour le Studio qui signent quelques-uns de ses plus beaux long-métrages : Pompoko (1994), Si tu tends l’oreille (1995) et Princesse Mononoké (1997). Le triomphe du Studio Ghibli attire l’attention de Disney qui signe un accord pour distribuer le catalogue dans le monde entier.
Quel héritage pour le Studio Ghibli ?
Hayao Miyazaki et Isao Takahata n’étant pas éternels, se pose la question de la destinée du studio. Après la réalisation de Si tu Tends l’oreille, le génial Yoshifumi Kondo est publiquement félicité par Miyazaki et vu comme son héritier naturel pour reprendre les rênes. Cependant, sa mort soudaine, survenue en janvier 1998 peu après la sortie de Princesse Mononoké bouleverse tout. Miyazaki doit se résoudre à reprendre les crayons quelques jours seulement après avoir annoncé publiquement sa retraite.
Avant de travailler à son nouveau long-métrage, Le Voyage de Chihiro, Miyazaki s’attelle à un projet qui lui tient à cœur depuis très longtemps : la création d’un musée consacré à l’animation. Il conçoit les plans dans les moindres détails et le Musée Ghibli ouvre en octobre 2001.
Le Studio Ghibli est toujours à la recherche de nouveaux talents. La réalisation des Contes de Terremer est confiée à Gorô Miyazaki, le fils du maître. Le producteur Toshio Suzuki annonce en 2008 la mise en chantier de deux films confiés pour le premier à Hiromasa Yonebayashi qui réalise l’adaptation du roman jeunesse Arrietty, le petit monde des Chapardeurs et le second à Gorô Miyazaki qui prend les commandes du film intimiste La Colline aux Coquelicots.
Takahata et Miyazaki sont âgés et travaillent sur leur dernier film respectif, Le Conte de la princesse Kaguya et Le Vent se lève. En 2014, Miyazaki et le producteur Suzuki annoncent leur retraite. Le département de production de films est démantelé et seule une équipe est préservée pour produire des courts-métrages, notamment pour le musée Ghibli.
Sources consultées
Caproni Ca.309 Ghibli, Wikipedia
Studio Ghibli, Buta Connection
10 Years of Studio Ghibli, par Toshio Suzuki, Mai 1995
Turning Point: 1997-2008, de Hayao Miyazaki (Eng)